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Après Halloween, gare à l’envahissante bête à bon Dieu asiatique !

Après Halloween, gare à l’envahissante bête à bon Dieu asiatique !
Cet article à été écrit par L'Esprit Jardin
23 octobre 2020

Aux États-Unis où l’espèce est devenue envahissante avant de l’être chez nous, on l’appelle Halloween Lady Beetle, car c’est surtout au moment d’Halloween que la coccinelle asiatique fait parler d’elle, lorsqu’elle se prépare à affronter l’hiver.
Alors que la plupart des coccinelles se réfugient par petits groupes sous l’écorce de vieilles souches, certaines H. axyridis n’hésitent pas à rejoindre l’intérieur des habitations, surtout lorsque ces dernières se trouvent près des surfaces boisées qu’elle a fréquentées pendant l’été. Elles y forment des agrégats de dizaines, de centaines, voire de milliers d’individus. Les concentrations sont parfois telles qu’elles occasionnent des nuisances : lorsqu’on la dérange, la coccinelle se défend en répandant un liquide jaunâtre et malodorant dégageant des substances allergisantes.
Mais ce ne sont pas les seuls problèmes qu’elle génère. La coccinelle asiatique est très vorace et ne se contente pas de dévorer les pucerons : elle s’attaque aussi aux autres prédateurs de ses proies. Elle entre donc en compétition directe avec d’autres espèces d’insectes, comme les coccinelles indigènes, dont elle mange même les larves. Selon une équipe européenne de chercheurs, un comptage de 5 ans réalisé sur des dizaines de sites belges, britanniques et suisses a révélé « une chute importante de la population et même parfois une quasi-disparition de la coccinelle à deux points, l’espèce européenne la plus commune ».
Reste un autre problème : le coléoptère a la fâcheuse manie de se nourrir de fruits à point et aime particulièrement former des agrégats sur des raisins mûrs, ce qui entraîne parfois des problèmes d’altération du goût du vin.

Comment cette coccinelle est-elle devenue envahissante ?
On l’avait pourtant adoptée pour ses qualités écologiques, mais c’est un véritable cas d’école !
En 1916, des spécialistes de la « lutte biologique » importèrent d’Asie vers les États-Unis une souche d’H. Axyridis, qui leur sembla alors être un insecte auxiliaire idéal pour l’agriculture.
En effet, non seulement cette coccinelle était vorace et capable de manger plus de 100 pucerons par jour, mais elle se reproduisait au rythme de plusieurs générations par an, ce qui la rendait plus compétitive économiquement parlant que les coccinelles indigènes ! Pendant presque tout le XXe siècle, cela n’a pas posé de problèmes : la coccinelle asiatique ne supportant pas le climat, elle mourait systématiquement en hiver.
Le souci, c’est qu’elle a fini par s’acclimater : dès la fin des années 1980, l’insecte a acquis la capacité de survivre à l’hiver américain et s’est mis à pulluler pour couvrir en quelques années l’ensemble des États-Unis.

C’est dans les années 90 qu’elle devint à la mode en Europe.
Dès 2001, le même phénomène d’acclimatation de cette espèce fut observé en Afrique du Sud, en Amérique du Sud et en Belgique ! Ces invasions ont vraisemblablement pour origine les insectes du Nord-Est américain qui se seraient mélangés à nos individus européens issus d’élevages de lutte biologique. En une décennie seulement ensuite, H. axyridis a étendu son emprise sur l’ensemble de l’Europe, au point d’être considérée aujourd’hui chez nous comme une espèce invasive.
La reconnaître est difficile ! Avec une taille comprise entre 5 et 8 mm, Harmonia axyridis est généralement plus grande que les coccinelles indigènes. Mais elle n’est pas facile à reconnaître pour autant en raison de sa variété en matière de coloration : au sein d’une même population, la teinte des élytres varie du jaune orangé au rouge, en passant par le noir et le nombre de taches va de 0 à 9.
Il est sans doute trop tard pour venir à bout de cette espèce chez nous, mais les chercheurs tentent de trouver des solutions pour endiguer le problème et limiter leur population. Une équipe de la faculté Gembloux Agro-Bio Tech de l’université de Liège a réalisé de grandes avancées dans la compréhension de la façon dont la coccinelle asiatique se comporte et surtout comment cette petite bête retrouve, dans un habitat, le lieu de rassemblement de ses congénères.
On sait désormais que pour cela H. axyridis se sert d’un marquage au sol réalisé à base de deux hydrocarbures. Les chercheurs espéraient pouvoir utiliser ces substances pour créer des pièges à coccinelles asiatiques. Mais on n’en est par encore là, car ces substances sont non volatiles et agissent probablement par contact, ce qui ne permet pas d’attirer l’animal à distance pour le piéger.

Que faire si on est confronté à une invasion de coccinelles asiatiques chez soi ?
Pour s’en débarrasser, les chercheurs conseillent d’aspirer les agrégats, puis de les placer au congélateur suffisamment longtemps pour provoquer leur décès. En aucun cas, il ne faut les relâcher vivantes à l’extérieur, car elles n’auraient alors qu’un réflexe : se remettre aussitôt en chemin vers leur lieu d’hivernage.
Colmater sérieusement les entrées ne suffirait pas à les en empêcher. L’unique inconvénient de cette méthode destructive mais efficace : en aspirant et congelant cette masse, on risque d’éliminer quelques coccinelles à deux points ou d’autres espèces indigènes qui s’associent régulièrement aux coccinelles asiatiques durant l’hiver.
Comme tous les problèmes d’espèces envahissantes, celui de la coccinelle asiatique n’est pas facile à régler.


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