Sur le sujet, les opinions sont divergentes. Le problĂšme est rĂ©guliĂšrement soulevĂ© lors des forums naturalistes et dans les revues ornithologiques, quand il nâest pas remis fondamentalement en question.
Il est clair que, depuis le nĂ©olithique, et trĂšs rĂ©cemment encore dans la cour des fermes, lâhomme a toujours nourri les oiseaux sauvages. Par inadvertance, alors quâil distribuait des grains Ă la volĂ©e pour ses volailles. Aujourdâhui, certains vont plus loin en avançant que ce nourrissage est devenu indispensable.
Lâenvironnement naturel, selon eux, sâest Ă ce point banalisĂ© quâil est nĂ©cessaire de compenser les pertes de ressources en proposant artificiellement un complĂ©ment alimentaire. Les chasseurs de petit gibier font bien la mĂȘme chose depuis que celui-ci est devenu introuvable dans nos chauves campagnes. Saison impitoyable, lâhiver soulĂšve aussi bien des questions auxquelles les sentiments de pitiĂ© et de compassion ne sont pas Ă©trangersâ: les oiseaux qui passent leur journĂ©e dehors souffrent-ils, trouvent-ils suffisamment Ă mangerâ?
Pour leur part, les dĂ©tracteurs du nourrissage rappellent que les oiseaux nourris Ă la mangeoire sont surtout des espĂšces opportunistes et sĂ©dentaires qui se portent plutĂŽt bien. En ville, ces appoints profitent aussi aux espĂšces exotiques invasives. ĂâŻBruxelles, les trois espĂšces de perruches doivent leur survie en hiver, au moins en partie, Ă ces gestes de bienveillance. Les passereaux insectivores, migrateurs au long cours, qui doivent gagner les rĂ©gions subtropicales pour survivre, ne bĂ©nĂ©ficient Ă©videmment pas de cette opportunitĂ©.
Or beaucoup dâentre eux comptent pourtant parmi les espĂšces les plus menacĂ©es. Certains aiment Ă rappeler aussi que, pour cruelles quâelles soient Ă nos yeux, les lois de la sĂ©lection naturelle qui sĂ©vissent de maniĂšre impitoyable en hiver restent de mise. La nature est ainsi faite. Moins de nourriture disponible, moins de temps Ă consacrer Ă leur recherche, plus de dĂ©penses caloriquesâ: un adulte sĂ©dentaire sur deux ne passe pas la mauvaise saison. Seuls les plus forts survivent. Heureusement, ces espĂšces compensent les pertes par une fĂ©conditĂ© telle que les populations restent finalement en Ă©quilibre avec les ressources offertes par leur milieu.