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L’Arbre qui est en moi, rencontre avec Cécile Bolly

L’Arbre qui est en moi, rencontre avec Cécile Bolly
Cet article à été écrit par L'Esprit Jardin
18 novembre 2018

Avec L’Arbre qui est en moi, Cécile Bolly sort déjà son 4e ouvrage sur cette thématique. L’auteur se confie à l’équipe de L’Esprit Jardin.

Au travers de votre ouvrage, on sent qu’une étape a été franchie dans votre rapport à l’arbre et au monde…

L’arbre m’accompagne depuis longtemps, dans toutes sortes de dimensions de ma vie, surtout dans l’exercice de la médecine. Plusieurs moments fondateurs pour ma pratique, et aussi pour ma vie intérieure, ont été déclenchés par une relation particulière à l’arbre.
Dans Arbre mon frère, j’ai parlé de ma rencontre avec Amaury, qui m’a demandé de l’accompagner dans sa fin de vie, non parce qu’il croyait que j’étais un bon médecin, mais parce qu’il savait que j’aimais les arbres.
Dans L’Arbre qui est en moi, je parle de Stéphane et de sa demande étrange : devenir son médecin pour, qu’après sa mort, je puisse faire lien entre lui et la nature. Ces expériences ont fait de moi une élève et non un maître. Comment, après cela, ne pas avoir un rapport particulier à l’arbre ? Au fond, ce qui a changé, c’est la capacité ou la nécessité d’en parler.

Pourquoi la nécessité ?

Parce que nous vivons une période où le monde devient complètement fou, la folie du capitalisme, de la vitesse, de la rentabilité. L’humain est sacrifié, détruit par le dieu argent, par la recherche du pouvoir à tout prix, etc.
Or, si nous retournons loin en arrière dans l’histoire de l’être humain, nous voyons que c’est grâce à l’arbre que l’homme s’est mis debout. Quand il a cherché à cueillir ses fruits, cela a modifié progressivement l’usage de ses mains, sa silhouette, et aussi son crâne et, donc, son cerveau. Nous devons beaucoup de choses à l’arbre ; cette verticalité peut aussi être comprise de manière symbolique, spirituelle. C’est sans doute cela qu’elle vient nous dire aujourd’hui : la nécessité de rester bien ancré dans la terre, mais aussi de s’élever, de permettre la rencontre entre la verticalité de notre recherche intérieure et l’horizontalité du partage. L’arbre nous rappelle avec force que nous ne pouvons pas gaspiller la part de ciel qui est en nous. C’est une question de survie et tous ceux qui s’intéressent à l’écopsychologie et à l’écospiritualité le savent bien. C’est notre avenir et celui des générations futures qui est en jeu.

Expliquez-nous l’évolution de votre rapport aux arbres par rapport aux titres de vos ouvrages: vous les avez écoutés (Paroles d’arbres), ensuite vous avez ressenti leur magie (Magie des arbres), puis vous vous êtes rapprochés (Arbre mon frère) jusqu’à ne faire plus qu’un ?

Il y a quelques années, j’ai eu le privilège d’écouter la leçon d’un grand pédagogue médical américain, George Bordage, lorsqu’il reçut un doctorat honoris causa de la Faculté. Il nous décrivit avec insistance les deux repères essentiels qu’il retirait de sa carrière universitaire. Celui qui m’a le plus frappée, c’est le choix d’un sillon, à creuser ensuite tout au long de sa vie professionnelle. J’ai fait ce choix-là avec l’éthique, puis il s’est aussi imposé à moi avec les arbres ; à force de les côtoyer, j’ai appris à mieux les connaître, à me laisser surprendre par les leçons qu’ils peuvent nous donner. Mon appareil photo m’aide à développer mon attention à la vie de la forêt, à me rendre disponible à tout ce qui n’est pas visible quand nous sommes pressés ; j’ai découvert une approche sensible de la forêt. Si l’arbre est un être vivant très différent de nous, il est capable par sa seule présence d’ouvrir en nous un chemin d’intériorité, que je trouve intéressant de partager avec d’autres personnes pour approfondir leur propre démarche. Ce qu’il faut éviter avant tout, c’est un anthropomorphisme qui ramène l’arbre et la nature à l’être humain, plutôt que de ramener l’être humain vers la nature. Dans ma perception des choses, d’un arbre qui n’était d’abord qu’extérieur à moi – même si je l’écoutais –, j’ai pu progresser vers la perception d’un arbre intérieur, que j’ai mis en perspective avec l’arbre de l’univers, du Grand Tout. Cela revient à mettre en perspective notre petit moi avec le grand Soi qui l’habite…

Que représentent les arbres pour vous ?

Ils font intimement partie de ma vie ; quand je me promène avec chacun de mes petits-enfants, je vois qu’il est facile de les sensibiliser à la présence des arbres et, à travers eux, au cycle des saisons et de la vie. J’aurais envie de dire qu’ils m’invitent à la beauté, au silence et au partage. Depuis quelques mois, tout le monde constate que le grand public s’intéresse énormément aux arbres à travers les livres qui se multiplient à leur sujet. J’espère que cet engouement va se concrétiser par des actes concrets en faveur de la nature, car malgré cet intérêt, on continue à arracher des haies, à saccager les forêts avec des machines qui détruisent tout. Nos comportements doivent absolument changer : c’est difficile, mais essentiel.

Retrouvez l’interview complète dans le numéro 43 de L’Esprit Jardin (novembre 2018).


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