Le plus ancien des radis

Un véritable oublié du potager, ce radis ! Si les radis ronds ou demi-longs rouges ou rouges à bout blanc font partie des légumes cultivés dans la plupart des jardins, le radis noir y est quasiment inexistant. C’est tout juste si on connaît son existence !
Son nom scientifique est Raphanus sativus var. niger. On l’appelle encore parfois « raifort des Parisiens » alors qu’il n’a rien à voir avec ce légume à la saveur extrêmement piquante et surnommé « moutarde végétale ».

Le radis était déjà connu à l’époque néolithique. Selon certaines sources sûres, il proviendrait d’Extrême-Orient. Des recettes à base de poisson cru (carpe), radis, gingembre et différentes herbes aromatiques ont été retrouvées au 11e siècle dans des écrits chinois. Dans le petit monde des radis, le noir est plus que certainement le plus ancien.
3 000 ans avant notre ère, les anciens Égyptiens étaient de grands amateurs de ce légume. Les bâtisseurs des pyramides concoctaient une potée très appréciée (et certainement bien piquante !), composée de poireaux, oignons et radis !
Les Grecs offraient à leurs dieux différents légumes enrobés de plomb, d’argent ou d’or : des radis couverts d’or étaient offerts à Apollon, le dieu grec de la lumière, des arts, de la musique, de la poésie et… de la beauté masculine.

Les Romains cultivaient plusieurs variétés de radis et répandirent ce légume dans l’entièreté de l’Empire. Charlemagne, encore lui, recommandait la culture du radis dans son incontournable Capitulaire de Villis. Sous le nom de radix on désignait à l’époque à la fois le radis et le raifort. On lui attribuait différentes qualités médicinales : « Il purge l’estomac, provoque l’urine et détache la bile. Il est utile contre les empoisonnements dus aux champignons. Ce serait un aliment aux propriétés aphrodisiaques. Ce légume fait beaucoup roter, aussi est-ce un aliment de mauvaise compagnie, surtout si ensuite on mange du chou. Si on le mange avec des olives vertes, les rots sont moins fréquents et moins désagréables. » Au 13e siècle, Albrecht von Bollstädt (connu sous le nom d’Albert le Grand) stipulait que le jus de radis mélangé à des graines de psyllium (Plantago ovata) et du blanc d’œuf rendait notre corps insensible au feu ( ! ! !) Nous terminerons en précisant que le radis rond rouge n’a fait son apparition en France qu’au cours du 18e siècle ; le radis noir qui nous intéresse ici est « arrivé » en France au 16e siècle.

Pour la petite histoire : le 23 décembre, on célèbre au Mexique la Noche de Rabanos, la « Nuit des Radis ». Au cours de cette fête, des artistes présentent des sculptures réalisées avec, notamment, des radis et des fleurs immortelles.

Brève présentation botanique
Le radis noir fait partie de la famille des Brassicacées, comme les choux. C’est une plante bisannuelle. La hampe florale atteint 70 à 80 cm et porte de nombreuses fleurs blanches teintées de violet. L’intérêt majeur de laisser monter à graine quelques pieds de radis est de pouvoir récolter les semences. Le feuillage est découpé, légèrement velu et d’un vert franc.
Ce légume racine est riche en minéraux. Le radis noir est souvent conseillé pour les troubles biliaires, mais il est aussi utile pour lutter contre les inflammations de la gorge et des sinus paranasaux. Un bon légume santé, en quelque sorte.