Abeilles domestiques, abeilles sauvages, bourdons, papillons⊠ces insectes nous rendent des services inestimables dont on ne mesure pas toujours lâimportance. En fait, la plupart des aliments que nous consommons tous les jours sont obtenus grĂące Ă la pollinisation « entomophile », rĂ©alisĂ©e par ces insectes formidables que lâon rencontre dans nos jardins.
Les chiffres sont Ă©loquentsâ: 84â% des cultures agricoles dĂ©pendent du travail de ces butineurs infatigablesâ; 80â% des espĂšces vĂ©gĂ©tales sauvages en ont besoin pour survivre. Sans ces pollinisateurs, la plupart des fruits et des lĂ©gumes disparaĂźtraient de nos assiettes, ainsi quâune partie de la viande et des produits laitiers qui dĂ©pendent de certaines plantes fourragĂšres visitĂ©es par les insectes.
La qualitĂ© de ces aliments, et notamment leur teneur en Ă©lĂ©ments minĂ©raux essentiels, est Ă©galement directement liĂ©e Ă lâactivitĂ© des pollinisateurs. Nous ne pouvons tout simplement pas nous passer des services de ces partenaires indispensables.
Des causes diversesâŠ
Les facteurs de la disparition de nos pollinisateurs sont multiplesâ: maladies et parasites, dĂ©rĂšglements climatiques, Ă©rosion globale de la biodiversitĂ©, agriculture industrielle intensive. Ce dernier facteur est toutefois Ă marquer dâune croix rouge tant il conditionne la survie de nos partenaires.
Le dĂ©veloppement de la monoculture a dĂ©truit une grande partie des habitats naturels des pollinisateurs, en uniformisant de plus en plus les ressources disponibles. Lâutilisation massive des pesticides de synthĂšse, de plus en plus toxiques et dĂ©coulant prĂ©cisĂ©ment de ce mode de culture intensif et dĂ©sĂ©quilibrĂ©, touche lâensemble des espĂšces de pollinisateurs.
Certains vous diront quâon ne peut se passer de lâagriculture intensive pour nourrir lâhumanitĂ©. Câest faux. Des alternatives viables existent dĂ©jĂ , qui respectent la santĂ© de nos indispensables partenaires ainsi que la nĂŽtre. Les mĂȘmes vous diront alors que changer de modĂšle agricole câest mettre en pĂ©ril notre Ă©conomie. Câest faux.
La valeur Ă©conomique de la pollinisation entomophile a Ă©tĂ© Ă©valuĂ©e entre 153 et 285 milliards dâeuros par an, soit 3 Ă 5 fois le budget 2012 de la Politique Agricole Commune europĂ©enne (PAC). Changer de modĂšle agricole câest, en fin de compte, sâassurer de se nourrir mieux tout en faisant des Ă©conomies et en prĂ©servant la biodiversitĂ©.
Le tableau serait bien sombre si on ne pouvait rien faire. Heureusement, chacun dâentre nous peut agir pour aider les pollinisateursâ: changer, mĂȘme modestement, nos habitudes de consommation et privilĂ©gier une alimentation biologique, si possible locale et de saisonâ; offrir le gĂźte et le couvert aux pollinisateurs sauvages en amĂ©nageant un jardin accueillantâ; renoncer dĂ©finitivement aux pesticides chimiques.