Le Coureur indien est lâauxiliaire de premier choix du jardinier pour la chasse aux limaces, car il les adore !
Ce canard ne sâattaque pas aux plantations ou trĂšs peuâ; de plus, ce qui nâest pas nĂ©gligeable, il ne gratte pas le sol, contrairement aux volailles. Vous lâaurez tout de suite compris, il sâagit du fameux Coureur indien. Il fait partie de la famille des AnatidĂ©s, du genre Anas, de lâordre des AnsĂ©riformes et de lâespĂšce Anas platyrhynchos domesticus.
Quelques mots sur sa domestication
Les canards domestiques descendent presque tous du canard sauvage (canard colvert -Anas platyrhynchos) avec lequel ils demeurent interfĂ©conds. Sa domestication daterait de lâAntiquitĂ©, Ă Â la fin de la rĂ©publique romaine. Les canards domestiques issus du canard colvert se distinguent par des «âcrossâ» qui sont quatre plumes recourbĂ©es vers le haut sur la courte queue du mĂąle.
Le Coureur indien serait originaire des Indes Orientales (Malaisie, Java, Bali et Lombok) bien quâil existe de nombreuses controverses Ă Â ce sujet. Des gravures prĂ©sentes dans les temples indonĂ©siens tĂ©moignent de son existence il y a deux mille ans dĂ©jĂ en Indochine.
Il aurait ensuite Ă©tĂ© importĂ© en Angleterre en 1835 par un capitaine de la marine intriguĂ© par la curieuse morphologie de cet animal. Il sâest peu Ă Â peu rĂ©pandu en Europe et en AmĂ©rique du nord, jusquâĂ devenir trĂšs populaire Ă Â la fin du 19e siĂšcle.
Dâabord sĂ©lectionnĂ© en Angleterre pour ses facultĂ©s de ponte, ce nâest actuellement plus lâobjectif prioritaire des Ă©leveursâ: en effet, son allure en a fait un canard dâornement prisĂ© et les Ă©leveurs portent toute leur attention sur ses caractĂ©ristiques physiques irrĂ©prochablesâ; câest dâailleurs la raison pour laquelle ses capacitĂ©s Ă Â pondre sont actuellement en rĂ©gression.
La couvaison dure de 28 à  30 jours.
La cane pond des Ćufs dâenviron 65 g, avec une coquille blanche pour la plupart des variĂ©tĂ©s et verdĂątre pour les variĂ©tĂ©s foncĂ©es. Câest une excellente pondeuse qui pond en moyenne 200 Ćufs dans lâannĂ©e dans des conditions favorables, le record Ă©tant de pas moins de 350 Ćufs en 365 joursâ!
Elle pond dĂšs lâĂąge de 6 mois, et poursuit de maniĂšre soutenue durant 3, 4 voire 5 ans.
Câest un oiseau sociableâ; cependant, il reste toujours craintif, comme la plupart des canards mais il nâest pas agressif. Seule une femelle qui couve vous tiendra Ă Â lâĂ©cart.
Il prĂ©fĂšre la terre ferme car il y excelle Ă Â la course. Il est plus heureux au sein dâun petit groupe de congĂ©nĂšres. Son cri sâapparente Ă Â un sifflement rauque. Il se nourrit essentiellement de limaces, vers, insectes et herbe, et par consĂ©quent de graines ce qui fait de lui le plus actif de tous les canards lorsquâil sâagit de fourrager.
Il a dâailleurs longtemps Ă©tĂ© utilisĂ© en Asie dans les cultures pour Ă©liminer les ravageurs et lâest toujours en Europe dans les fermes pour cette mĂȘme qualitĂ©.
La chair de ce canard est abondante par rapport à  sa taille, et elle est savoureuse.
Le coureur indien a Ă©galement participĂ© Ă Â la crĂ©ation dâautres races, comme le canard Orpington et le canard Kaki-Campbell.
Gardons-nous bien dâintroduire un autre sang dans nos Ă©levages, ayons toujours le mĂȘme objectifâ: sĂ©lectionner dans les meilleures conditions sanitaires de souche aptes Ă Â produire.
Ălever le Coureur indien.
Il boudera le bel abri que vous lui aurez prĂ©parĂ©, mĂȘme sâil fait grand froid. Restez cependant prudents, car les prĂ©dateurs (chiens errants, renards) rĂŽdent. Donc, enfermez-le chaque soir.
Petite illustration dâun Ă©levage rĂ©ussi.
Il y avait en Brabant wallon un Ă©leveur qui participait aux expositions avec des sujets exceptionnelsâ; il obtenait toujours les meilleurs rĂ©sultats. Entre juges on se posait la questionâ: «âcomment fait-il pour avoir de si beaux sujetsâ?â». Il mâinvita un jour Ă Â lui rendre visite pour voir son Ă©levage. Je me rendis avec grand plaisir chez lui. Et lĂ , jâai comprisâ! Le biotope de chaque race Ă©tait respectĂ©.
En ce qui concerne les Coureurs indiens câĂ©tait presque magique. Superbeâ! Ils se tenaient tellement droit que leur queue se balançait entre leurs pattes, leur donnant une allure unique (on aurait dit une longue bouteille de vin). Monsieur De Cuyper mâa alors expliquĂ© un tas de choses -des petits trucs, comme il disait.
Pas question dâune piĂšce dâeau pour les Coureurs indiensâ: ils avaient droit Ă Â une baignade dâune heure, une fois par semaineâ! Son secret Ă©tait lĂ â! Pouvoir aller Ă Â leur grĂ© dans un bassin aurait incitĂ© les Coureurs indiens Ă Â se baigner journellement, avec pour consĂ©quence un port plus horizontal.
Les mangeoires (des petits seaux) contenant des graines et de lâeau Ă©taient suspendues Ă Â la clĂŽture, de telle sorte que les canards devaient se tenir sur la pointe de leurs pattes en sâallongeant, pour enfin atteindre la boisson et la nourriture.
Pour les canetons, Monsieur De Cuyper attendait la 3e semaine pour commencer le mĂȘme procĂ©dĂ© de nourrissage, remontant les rĂ©cipients au fur et à  mesure que les canetons grandissaient.
Il nây a donc pas de miracleâ: Ă©lever des animaux avec succĂšs demande une connaissance approfondie de la race choisie ainsi quâune grande capacitĂ© dâobservation. Monsieur de Cuyper nous a malheureusement quittĂ©s depuis plusieurs annĂ©es dĂ©jĂ . Je lui rends ici hommage pour ses exceptionnelles qualitĂ©s dâĂ©leveur.
Et la clĂŽtureâ?
50 cm suffisent pour leur interdire lâaccĂšs Ă Â certains lieuxâ; ils rĂ©ussiront quand mĂȘme Ă Â passer sâils sont affolĂ©s ou poussĂ©s. Il est donc conseillĂ© dâutiliser un grillage dâ1 mĂštre pour clĂŽturer le prĂ©.
Si votre enclos est entourĂ© dâun grillage Ă Â mailles normales (5 cm), il faudra en remettre un Ă Â petites mailles Ă Â sa base, sur 50 cm de haut, afin dâĂ©viter la fuite des canards poussĂ©s ou celle des canetons.