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Cruciale et fondamentale : la question du sol

Cruciale et fondamentale : la question du sol
Cet article à été écrit par L'Esprit Jardin
26 février 2023

Avec ce dossier, vous êtes invité à entrer en contact avec le sol par différentes portes : le pourquoi de la situation dramatique des sols aujourd’hui, un voyage à travers les différentes façons « d’aimer le sol » et, enfin, le comment agir, avec des pratiques respectueuses et les récits d’acteurs de terrain.

LE SOL, PARLONS-EN !

En 60 ans, l’agriculture industrielle a détruit 1 milliard d’hectares de terres arables. L’activité humaine perturbe des phénomènes naturels qui sont à l’œuvre depuis des dizaines de millions d’années. Ces mêmes sols sont le berceau des premières plantes terrestres, ils ont porté des œufs d’iguanodons et, dernièrement, les premiers pas de l’Homme. Aujourd’hui, le sol est l’habitat d’une myriade d’espèces d’insectes, de plantes et de champignons, tout comme les oiseaux, batraciens et mammifères qui en dépendent pour se nourrir. Des écosystèmes entiers en sont tributaires. Ceux-là mêmes qui procurent l’air que nous respirons, l’eau qui nous désaltère et les plantes qui nous soignent. Ces sols en péril ont aussi la prodigieuse faculté de se régénérer quand on leur en donne les moyens.

Dans ce dossier, je vous invite à comprendre comment on en est arrivé là et à vous laisser toucher par la poésie du sol, à (re)découvrir des pratiques respectueuses et à vous inspirer d’acteurs de terrain.

QUE NOUS DIT LE PASSÉ ?

Depuis le début de la domestication, nourrir les Hommes a évolué étroitement avec les questions d’utilisation des terres.

Mini-historique des révolutions agricoles

Système d’abattis sur brûlis
Le sol se repose pendant 20 à 25 ans avant d’être cultivé à nouveau.

Antiquité
Le sol cultivé est mis en jachère 1 an sur 2, les bêtes y sont parquées la nuit.

La révolution agricole du Moyen Âge
Mise en jachère 1 an sur 3, invention de la stabulation, apport de fumier aux champs.

La 1re révolution agricole des Temps modernes
Remplacement de la jachère par une culture de plantes fourragères sarclées ou de prairies artificielles.

L’une des conséquences de la dernière révolution agricole fut de doubler les productions céréalières et animales. L’agriculture put enfin subvenir aux besoins d’une population non paysanne avec, pour conséquence, un appauvrissement démographique considérable. Des activités commerciales et industrielles commencèrent à se développer.

De là est né un nouveau système économique et social qui se distingue par un capitalisme industriel, agricole et commercial.

Avec les énergies fossiles abondantes et bon marché, la mécanisation et l’utilisation d’intrants chimiques ont continué à augmenter, en même temps que la production agricole. Ceci va de pair avec une diminution drastique du nombre d’agriculteurs et des savoir-faire transdisciplinaires. Ainsi que la suppression des arbres, des haies et des étangs dans le paysage.

Les sols, à ce moment, sont perçus comme un réservoir de minéraux solubles qu’il faut renouveler au fur et à mesure qu’on les consomme. À l’image d’un placard de cuisine, on fait l’inventaire des nutriments (azote, potassium, calcium…) et si les analyses montrent un manque, on en rajoute. Avec cette approche, on ne prend pas en compte la matière organique, ni la vie du sol. C’est une vision statique qui ne représente pas la complexité du système sol et ses capacités.

On constate que le niveau d’intrants devra impérativement augmenter si l’on veut maintenir la production à un niveau stable. Cela est dû à la mort lente des sols : retournés, mis à nu, tassés, aspergés avec différents pesticides, ils voient leurs matières organiques diminuer, la vie du sol désertée, et même sa structure grumeleuse mise à défaut, elle qui assure sa stabilité physique.

À L’AUBE D’UNE NOUVELLE RÉVOLUTION AGRICOLE ?

Chaque révolution a d’abord amené une ère de prospérité et de développement, pour arriver à son terme avec son lot de crises sanitaires, sociales et environnementales jusqu’à l’arrivée d’un nouveau bouleversement technique ou politique.

Selon moi (et beaucoup d’autres), nous sommes arrivés aujourd’hui à l’épuisement du système agricole industriel. L’ère d’un pétrole abondant et bon marché est révolue. Nos écosystèmes cultivés ont atteint leurs limites et certains un point de non-retour.

Il est grand temps de changer nos pratiques et d’oser avoir un impact positif : inviter le retour de la biodiversité, créer des stocks de carbone, être cocréateurs de terres fertiles.

Cela fait partie de notre histoire d’évoluer, de trouver de nouvelles solutions. À une différence près par rapport aux révolutions précédentes : aujourd’hui, les agriculteurs sont bien moins nombreux, peu valorisés, et la plupart connaissent des difficultés financières. Ce ne sont pas les meilleures conditions pour expérimenter, innover et partager son expérience avec ses voisins.

Céline Huart 

Retrouvez la suite du dossier de Céline Huart dans notre numéro de février-mars (n°85)

https://www.weyrich-edition.be/produit/esprit-jardin-ndeg85-fevrier-2023


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