Des fleurs et des pollinisateurs plein mon jardin !

C’est un miracle et il se déroule sous nos yeux tous les jours ! La pollinisation des fleurs par les insectes est apparue il y a des milliers et des milliers d’années, lorsqu’un coléoptère gourmand et maladroit, qui se nourrissait de tissus végétaux, déposa accidentellement des grains de pollen sur le pistil réceptif d’une fleur. Badaboum ! Cette rencontre hasardeuse a révolutionné le monde des plantes et des insectes, au point d’arriver à l’incroyable biodiversité que nous connaissons aujourd’hui ! Et si on y regardait de plus près ?

Se prendre un vent ou prendre la mouche ?

Les premières plantes apparues sur Terre étaient définitivement patientes… En effet, il a fallu produire des milliards de grains de pollen dispersés par l’eau ou le vent pour qu’enfin, un jour, l’un d’eux s’échoue miraculeusement sur un pistil. C’est beau, c’est romantique, mais… c’est aussi aléatoire que de jeter une bouteille à la mer !

Un grand nombre de végétaux, notamment les arbres à chatons ou les graminées, emploient aujourd’hui encore cette stratégie. Mais un mode de reproduction bien plus excitant est un jour apparu et il a littéralement rayonné dans le monde végétal : l’utilisation des insectes comme vecteurs de pollen ! Si la première rencontre entre fleurs et insectes a été le fruit du hasard, chacun en a tiré des leçons et a développé ensuite des stratégies pour affiner cette nouvelle collaboration. Phénomène plutôt inédit pour l’époque, puisque les insectes avaient la fâcheuse habitude de dévorer les plantes depuis leurs feuilles jusqu’au bout de leurs racines !

Autant en emporte le vent…

Si elle est hasardeuse, la pollinisation par le vent présente toutefois l’avantage d’assurer un bon brassage génétique. Petits, légers et aérodynamiques, les grains de pollen peuvent être transportés sur des dizaines, des centaines, voire des milliers de kilomètres en fonction des conditions atmosphériques !

Les fleurs, reines de la séduction

Comment attirer les insectes pour profiter de leur service de livraison de pollen ? Offrons-leur des récompenses. La première matière qui les attire, c’est le pollen lui-même. Riche en protéines, il est un mets de choix pour les adultes et les larves de certains insectes, comme les abeilles solitaires et les bourdons. Mais une autre substance les attire immanquablement : le nectar, un liquide sucré produit par de petits organes, les nectaires. Les papillons en sont totalement dingues, comme de nombreuses abeilles, mouches, syrphes et coléoptères. Proposons aussi aux insectes des avantages accessoires, comme un lieu de rencontre, un dortoir pour la nuit, un abri contre les gelées printanières, ou encore des huiles antifongiques pour en tapisser leur nid…

Délicieuse poudre d’or

La coccinelle à 16 points raffole du pollen de pissenlit. Avec l’aide de ses mandibules, elle ronge les étamines sur toute leur longueur pour récolter la précieuse poudre jaune, riche en protéines. Un mets de choix !

Du nectar, sinon rien !

Les papillons raffolent du nectar des fleurs, qu’ils prélèvent avec leur trompe. Dans la tête de l’insecte, une sorte de poire peut se dilater sous l’action de muscles puissants et fait office d’aspirateur. Le liquide ne doit pas être trop sucré, sinon il devient visqueux et s’aspire difficilement ! Ne leur offrez donc pas de pollen, car ils ne le digèrent pas. Du nectar, sinon rien !

Hôtel de charme

La fleur de mauve musquée a trouvé une astuce ingénieuse : elle offre un reposoir pour insectes fatigués qui peuvent s’assoupir sur leur colonne staminale. Les étamines sont longues et soudées en un tube bien solide sur lequel ces petites bêtes peuvent s’agripper et faire une petite sieste… en captant des grains de pollen au passage !

Les cadeaux sont prêts, encore faut-il que les pollinisateurs trouvent la fleur. Un véritable défi, car elle n’est pas toute seule dans le paysage. Elle est noyée dans une mer de verdure avec des milliards de concurrentes ! Il faut taper dans l’œil des insectes par tous les moyens possibles ! Et là, les ingénieuses fleurs ne manquent pas d’idées.

Retrouvez la suite du dossier du mois dans notre numéro de mars (n°76)

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