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GRANDEUR NATURE, avec Francis Scholtes

Cet article à été écrit par x.huart@weyrich-edition.be
28 août 2022

Ancien architecte de jardin, Francis Scholtes continue à travailler passionnément dans son magnifique jardin. Aujourd’hui, son insatiable curiosité le conduit à tester des semis difficiles. Très sollicité en raison de ses connaissances et de son professionnalisme, il trouvera toujours une solution à votre problème…

Francis, comment êtes-vous devenu architecte de jardin ?

Vers 8-10 ans, j’observais déjà mon grand-père et son jardin ; il cultivait ses légumes pour en distribuer une partie à ses enfants. Il produisait également des pomponnettes, très à la mode, et j’ai essayé le bouturage, qui a réussi. Comme mon intérêt grandissait, j’ai aidé mon père à bêcher le potager, puis à semer des poireaux, salades, carottes dans une couche de 10 m2. Toujours plus emballé, j’ai commencé à multiplier les fraisiers, à semer des fleurs. Je distribuais régulièrement des semis à repiquer.

Après les humanités, j’ai poursuivi en architecture de jardins. Fin de la 2e, il y avait un stage d’1 an. Vivant au sud du pays, il fallait autant de temps pour rallier Bruxelles ou Gand que se rendre à Bâle. La décision fut prise : ce serait à Zurich, en Suisse alémanique.

Pour mon premier jour de travail (j’avais 20 ans), le patron me présente mon équipe : « C’est toi le chef et voici tes ouvriers ! » Tout le monde ou presque parlait suisse allemand.

Quelques semaines plus tard, le grand bain : un chantier (± 650 000 €) où je devais tout gérer ! Commandes, rapports journaliers, gestion de 20 ouvriers, camions pour l’approvisionnement, engins de terrassement.

À la fin du stage, il était terminé, et j’ai reçu des félicitations. Mon avenir était tout tracé.

Quel est votre domaine de prédilection ?

Au final, c’est la culture et la multiplication de plantes d’anciennes variétés belges ou trouvées à l’étranger (Canada, Canaries) qui ont ma préférence : greffage, semis, bouturage, puis plantation. Surtout les semis difficiles : essais de plantes exotiques ou de nouveautés pour voir s’il y a adaptation à notre climat, greffages d’arbres, de tomates, pollinisation pour essais de création.

C’est intéressant de découvrir le résultat après germination d’un semis réalisé 12 ou 15 mois plus tôt.

Comment le goût du particulier a-t-il évolué ?

Il y a 50 ans, on plantait souvent des plantes pas chères, beaucoup de conifères (cyprès, thuyas) pour créer des haies ou en couvre-sol (cotonéasters). Leur multiplication et leur culture étaient assez rapides, faciles et peu onéreuses.

Cependant, le terrain ne leur convenait pas la plupart du temps, surtout dans les zones argileuses. On a réalisé qu’il était moins coûteux de planter du feuillu en améliorant la terre en place que d’éliminer toute l’argile et de le remplacer par une bonne terre arable. La beauté des floraisons et la coloration des feuillages ont aidé au changement des goûts. Ensuite, les maladies causées par des champignons aux conifères ont donné un coup d’arrêt à leur plantation.

Actuellement, les goûts des particuliers sont liés à l’architecture des bâtiments ; on utilise de plus en plus de graminées, on crée des jardins très épurés ou bien de la pelouse avec quelques plantes pour simplifier l’entretien. On aime le jardin, mais pas toujours le travail qui s’y rapporte, généralement par manque de temps.

Quel jardinier êtes-vous ?

Je ne suis pas un stressé de la netteté au jardin, j’aime laisser pousser librement, la nature y peut faire comme elle veut ; il arrive que des semis naturels se révèlent intéressants. Je n’aime pas tailler à outrance, juste un petit entretien léger ; je préfère laisser pousser naturellement les plantes et me contenter de les guider. Et j’ai toujours un ou l’autre semis en essai dans un coin…

Avez-vous l’esprit jardin ?

Certainement ! Le matin, c’est : visite de la serre et du jardin, voir ce qui s’est passé la nuit, les besoins, le travail urgent à faire.

Pour le moment, je cultive aussi des bananiers, physalis, figuiers, citronniers, orangers et agrumes, vignes avec récoltes, sauf les bananes.

Qu’avez-vous vous-même adopté comme nouvelles habitudes pour pallier les changements climatiques ?

Aujourd’hui, j’ai pris l’habitude de moins nettoyer le potager, j’enlève les grandes plantes spontanées et je laisse les petites non invasives comme couvre-sol pour garder l’humidité.

Je préfère semer en serre en plaques de multiplication, puis repiquer assez tôt au potager et resemer une seconde fois certains légumes fin juillet pour les récolter en automne ou en hiver, juste avant les frimas (mi-novembre ou fin du mois).

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un jeune qui souhaite démarrer un potager ?

N’allez pas trop voir sur Internet : les conseils y sont valables, mais pas nécessairement pour votre région. Prenez plutôt conseil auprès d’aînés qui, sans avoir fait des études horticoles, connaissent leur potager, ce que l’on peut semer ou planter et à quelle époque.
En culture, la réussite 100 % n’existe pas. Si la nature et la météo ne sont pas d’accord avec votre plan de culture, la réussite ne sera pas au rendez-vous.

Quel(s) message(s) voudriez-vous faire passer aux lecteurs de L’Esprit Jardin ?

Les articles de la revue sont rédigés par des jardiniers convaincus et ayant de l’expérience, ils vous concoctent des textes tirés de leur(s) pratique(s) et de tests réalisés dans leur propre jardin. N’hésitez pas à les solliciter pour des questions, vous recevrez toujours la réponse rapide du spécialiste en la matière.

Pour de nouveaux sujets, envoyez vos suggestions, nous traiterons les thèmes pouvant intéresser un maximum de lecteurs.

En partenariat avec 

Retrouvez Francis Scholtes dans l’émission Grandeur Nature
• En télévision le samedi 3 septembre sur la Une Rtbf à 13 h 35 (juste après le JT)
• et en radio le dimanche 4 septembre à 13 h 10 sur Rtbf Vivacité
Francis Scholtes, architecte de jardin et président de la Fédération horticole de la province du Luxembourg, nous parlera de la plantation des haies indigènes et des arbres fruitiers de chez nous… pour favoriser la biodiversité de nos jardins.


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