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GRANDEUR NATURE, avec Philippe Moës

Cet article à été écrit par x.huart@weyrich-edition.be
3 septembre 2022

Auteur de 11 ouvrages consacrés au patrimoine naturel d’Europe occidentale (textes et photographies), Philippe Moës a débuté la photographie naturaliste il y a une trentaine d’années. Dans son livre Jardins à plumes (Weyrich), il nous explique que selon la manière dont nous gérons nos jardins, nous pouvons y accentuer la perte de biodiversité ou, au contraire, participer à son redéploiement !

Photographe naturaliste : d’où vient ce talent ?

Talent, ou grâce ? Lorsque, à 15 ans, j’ai quitté mon Afrique natale et ses vastes espaces sauvages qui m’étaient si chers pour venir vivre en Belgique, j’étais terriblement mal dans ma peau. Heureusement, la nature -certes bien plus modeste- de Wallonie m’a tendu ses bras salvateurs et tenter de la photographier s’est rapidement imposé à moi comme une évidence, essentiellement dans l’idée de témoigner de mes découvertes.

Totalement autodidacte et sans les moyens actuels de communication (c’était il y a 35 ans déjà !), j’ai perdu de longues années en termes de technique, mais la persévérance face aux difficultés a forgé la passion. Après la signature de mon premier contrat avec une agence photographique, les sujets et centres d’intérêt se sont rapidement diversifiés. Par la suite, lorsque j’ai commencé à illustrer et écrire des livres, j’ai pu donner plus de sens à l’accumulation d’images, d’expériences, de connaissances… et ne me suis plus arrêté.

Les oiseaux de chez nous ont la part belle dans votre jardin. Comment vous est venue cette curiosité pour ces oiseaux « communs » ?

La beauté n’est pas l’apanage de la rareté… Il est interpellant de constater à quel point bon nombre d’espèces, autrefois banales (et donc souvent considérées – alors – comme « sans grand intérêt »), se sont raréfiées. Il est frappant également d’observer à quel point quelques aménagements (ou non-aménagements), simples et économiques à mettre en œuvre dans un jardin, peuvent faire de ce dernier une petite oasis de biodiversité et, parallèlement, apporter bien des satisfactions. Restait à affiner les connaissances et clichés en la matière, puis à communiquer…

Avez-vous vous-même observé des changements de populations dans celles des oiseaux du jardin ? De la forêt ?

Clairement, comme, par exemple, chez des espèces aussi populaires que les hirondelles, les moineaux friquets, les coucous, les alouettes… Bien sûr, certaines espèces vont très bien (celles qui sont peu exigeantes), mais, globalement, la situation est à la raréfaction et il y a plusieurs raisons à cela : dangers toujours plus grands en zone d’hivernage et sur les routes migratoires, destruction d’habitats, changement climatique…

De manière simplifiée, on peut dire que les espèces forestières et celles des jardins sont celles qui se portent généralement le moins mal. Les premières évoluent dans un milieu qui change relativement lentement et bénéficie de meilleures pratiques culturales qu’au siècle dernier. Les secondes sont, pour beaucoup, peu exigeantes et bien adaptées aux espaces anthropisés. Par contre, les oiseaux évoluant en zone agricole sont souvent les plus vulnérables en raison, entre autres, de l’intensification des pratiques agricoles et d’une urbanisation grandissante qui ne tiennent que peu ou pas du tout compte des besoins de la faune sauvage.

Quels conseils donneriez-vous au jardinier d’aujourd’hui pour que son jardin devienne un havre de biodiversité ?

Il y a des gestes à poser et d’autres à ne pas poser. De manière simpliste, on peut résumer en disant qu’il faut éviter toute uniformisation et, donc, diversifier au maximum les micro-habitats. Laisser une petite zone en libre évolution, une autre en « évolution contrôlée » (gazon fleuri, pré de fauche…), installer des haies libres et en tailler ponctuellement d’autres, aménager un plan d’eau, laisser un tas de bois mort dans un coin « perdu », planter un verger, construire un mur de pierres sèches… Si chacun(e) pouvait prendre ne fût-ce que quelques-unes de ces mesures (évidemment dans les règles de l’art en la matière, ce qui est capital sous peine d’être déçu et/ou de ne pas atteindre le but recherché), nos arrière-cours pourraient vraiment devenir les maillons d’une chaîne de redéploiement de la biodiversité, et ce, à la fois pour notre plus grand plaisir et… notre portefeuille.

Quel oiseau vous fait-il craquer ? Pourquoi ?

Ça peut paraître paradoxal pour un photographe, mais ce que j’apprécie surtout chez les oiseaux, ce sont leurs… chants ! Quelle joie, après le long silence de l’hiver, d’entendre les espèces revenir les unes après les autres, au fil des semaines ! Je n’ose imaginer ce que seront un jour, peut-être, les printemps silencieux : le sommet de la tristesse… De ce point de vue, merles et grives font partie de mes préférés.

Quel jardinier êtes-vous ?

Tant celles des oiseaux que des aménagements, la plupart des images du livre « Jardin à plumes » ont été réalisées dans mon jardin. Je mets donc en pratique les expériences proposées dans l’ouvrage.

Au-delà de l’aspect « nature sauvage encouragée », j’ai un potager en permaculture d’environ 200 m2, dans lequel j’associe légumes et plantes sauvages et auquel je consacre de plus en plus de temps, car je vise une certaine autonomie. Je suis aidé en cela par un petit élevage de truites, de moutons, de poules et… de vers de farine.

Avez-vous l’esprit jardin ?

Quitte à loger dans une roulotte s’il le fallait, je n’envisage pas de vivre sans jardin. En nous apportant à la fois biodiversité et nourriture tant physique que spirituelle, mon jardin tient autant du matériel que de l’immatériel, il occupe une place essentielle dans ma vie !

En partenariat avec 

Retrouvez Philippe Moës dans l’émission Grandeur Nature
• En télévision le samedi 10 septembre sur la Une Rtbf à 13 h 35 (juste après le JT)
• et en radio le dimanche 11 septembre à 13 h 10 sur Rtbf Vivacité
Philippe Moës, photographe animalier, prodiguera ses conseils pour attirer les oiseaux dans nos jardins (nidification, nourriture). Quels aménagements réaliser pour les observer et les photographier 


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