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GRANDEUR NATURE, avec Xavier Van der Stappen

Cet article à été écrit par x.huart@weyrich-edition.be
21 août 2022

Auteur de nombreux ouvrages sur l’Afrique, Xavier Van der Stappen, président de l’asbl Cultures & Communications, est revenu à ses premières préoccupations dans des ouvrages comme Au loup ! (Weyrich) : la place de l’Homme dans la Nature,
son interaction avec la faune et les moyens de conservation de la biodiversité. L’auteur se consacre aujourd’hui à la valorisation du patrimoine naturel de proximité.

Vous êtes un fervent défenseur de la cause environnementale. Quelles sont vos démarches quotidiennes pour la nature ?

Je tente de réduire mon empreinte : j’utilise des toilettes sèches, je m’éclaire à l’aide du photovoltaïque, j’ai adopté l’éco-pâturage au lieu d’une tondeuse, j’effectue mes courses à vélo… Au sein de mon association Cultures & Communications, je me suis tourné vers des sujets de proximité : la Meuse, les loups, les prédateurs d’Europe, nos forêts, nos campagnes et nos jardins.

Dans une de nos revues (n°71), vous nous avez parlé de votre projet associatif de recherche d’autonomie : une cabane dans le fond de votre jardin. Quels ont été les bénéfices de ce projet ?

Le bénéfice d’un tel projet est avant tout : la réduction des contraintes et des coûts, tendre vers moins d’accumulation matérielle, mettre l’essentiel en avant, tout en gardant un confort. Cette connexion permanente avec la nature me rappelle mes années de navigation en Afrique, en autonomie, à bord d’un voilier. Je suis persuadé qu’à l’avenir, un bon nombre de gens réduiront la surface de leur lieu de vie pour du confort et des économies d’énergie.

Avez-vous l’esprit jardin ?

À mes yeux, le jardin idéal doit contenir de nombreux hôtes, il devrait se suffire à lui-même et offrir quelques plaisirs : fraises, groseilles, pommes, fleurs sauvages. Aménager un point d’eau pour les oiseaux, laisser pousser des plantes pour éviter les surfaces brûlées par le soleil et limiter les pelouses qui n’offrent pas grand-chose à la faune. Je jardine très peu, juste l’essentiel. Le jardin ne doit pas être rigoureux ou domestiqué.

Vous qui aimez vous promener, notamment pour prendre des photos, vous avez l’occasion d’observer la nature et sa faune. À travers les années, quels changements avez-vous pu observer ?

J’observe la disparition d’espèces autrefois très courantes dans les champs : lapins, lièvres, perdrix, cailles et des rapaces… Ces animaux ont été remplacés par des oiseaux élevés en masse pour la chasse : faisans, colverts, ramiers. Par contre, de nouvelles espèces enrichissent notre faune : des migrateurs venus du sud, des ragondins, des cormorans, des bernaches, des ouettes… Tous ces animaux ne doivent pas être vus comme envahissants, car la nature finit toujours par réguler les espèces.

Les chats et les chiens ont eux aussi un grand impact sur la biodiversité. Ils prédatent les oiseaux nicheurs, les lapins, les chevreuils… Un véritable désastre. Même si ce discours est confrontant, il est temps de prendre des mesures.

L’utilisation accrue de pesticides et autres biocides a provoqué l’effondrement des effectifs d’insectes. Le moindre produit qui tue peut contaminer toute une chaîne alimentaire. Si nous entretenons des jardins pour notre plaisir, les animaux, eux, doivent pouvoir y vivre toute l’année.

Y a-t-il des animaux qui avaient disparu et que vous apercevez à nouveau ?

Le retour des espèces est un sujet difficile à traiter. En France, à peine le vautour est-il de retour qu’on veut le réguler. Avec de tels comportements, on ne favorisera jamais l’émergence d’une faune diversifiée et d’habitats sains et riches. Aujourd’hui, la plupart des terres appartiennent à des personnes libres d’en disposer, de pratiquer des coupes d’arbres à blanc pour alimenter la Chine en chêne, par exemple. La nature ne tient qu’au bon vouloir des hommes, qui sont poussés à produire, donc à détruire. Sans habitat favorable, la faune et la flore ne peuvent prospérer.

Comment expliquez-vous le retour du loup dans nos régions ?

Le retour du loup constitue un phénomène naturel de dispersion des jeunes en quête de nouveaux territoires. Ils sont souvent victimes du trafic routier et ferroviaire, des poisons, du braconnage, de la faim et du manque d’expérience. À peine 20 % d’entre eux survivent.

Est-ce que ce retour a une signification positive et qualitative pour l’environnement, notamment en termes de biodiversité ?

Le loup est un opportuniste, il s’adapte aux différents milieux et aux proies disponibles. Chez nous, sa proie est le chevreuil. Il en existe 3 millions en France, dont 50 % sont abattus par les chasseurs. Si ces derniers prélèvent pour le « plaisir », le loup régule le gibier en se nourrissant. La pression qu’il exerce sur les herbivores permet d’éviter qu’ils ne surpâturent dans les forêts, tout en favorisant le brassage par la dispersion.

Ce n’est pas parce qu’il y a des loups qu’il y aura des meutes ou que les biotopes redeviendront sains. En Belgique, ces derniers sont très dégradés. Des décennies d’utilisation de produits chimiques, d’arrachage de haies, de mises en culture industrielle ont un impact énorme sur le long terme. Les renards trouvent aujourd’hui refuge en ville, signe qu’elles sont devenues moins toxiques et plus sûres que les campagnes, un paradoxe !

Devons-nous être effrayés de son retour ou, au contraire, heureux de celui-ci ?

Il n’y a aucun danger pour nous à côtoyer les loups, c’est un prédateur qui a une peur viscérale de l’homme. Ce sont, sans doute, des siècles d’éradication qui ont forgé sa méfiance à l’égard des humains. Il a été diabolisé à l’époque où il contractait la rage, aujourd’hui disparue. On pensait qu’il était possédé par le diable. Aujourd’hui, les loups sont capables de réguler une peste porcine, car ils éliminent les animaux malades. Reste à protéger les troupeaux, afin d’éviter la prédation.

Vivre en bonne intelligence avec le vivant n’autorise pas l’homme à décider quelle espèce est nuisible ou « auxiliaire ». Tous les animaux ont une fonction. Intervenir provoque des déséquilibres. Aujourd’hui, si nous n’agissons pas à grande échelle, y compris dans nos jardins, nous allons assister à la disparition d’espèces aussi communes que les moineaux, les grives ou les abeilles. La disparition d’une espèce provoque l’effondrement du jeu de cartes que sont les écosystèmes. 

En partenariat avec 

Retrouvez Xavier Van der Stappen dans l’émission Grandeur Nature
• En télévision le samedi 27 août sur la Une Rtbf à 13 h 35 (juste après le JT)
• et en radio le dimanche 28 août à 13 h 10 sur Rtbf Vivacité.
Xavier Van der Stappen exprimera ses préoccupations : la place de l’Homme dans la Nature, son interaction avec la faune et les moyens de conservation de la biodiversité…
Xavier évoquera aussi son livre « Au loup ! Ami ou ennemi ? ». Il a sillonné des lieux incroyables pour tenter de rencontrer les loups ; il est entré dans leur intimité dans les parcs animaliers.


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