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Le pavot bleu de l’Himalaya : un rêve inaccessible ?

Le pavot bleu de l’Himalaya : un rêve inaccessible ?
Cet article à été écrit par L'Esprit Jardin
27 août 2018

Certaines plantes vivaces font rêver les jardiniers et pourtant peu d’entre eux osent se risquer à leur culture. Le pavot bleu de l’Himalaya – Meconopsis betonicifolia – fait partie de ces merveilles végétales délicates. Faut-il pour autant abandonner le rêve de voir un jour s’épanouir ces « coquelicots » bleus au jardin ?

Non, mais la tâche ne sera pas aisée tant cette vivace a des exigences culturales très précises, et ce, dès le semis. Mais quel bonheur quand on voit se développer les grandes fleurs d’un bleu extraordinaire, un bleu magique, inoubliable.
Faisons connaissance
Le Meconopsis betonicifolia fait partie des Papavéracées, une famille dans laquelle on retrouve notamment le coquelicot, les pavots et une annuelle présente dans de nombreux jardins, à savoir l’Eschscholtzia californica.
Découverte en 1886 au nord-ouest de la province du Yunnan par le père Delavay (1834-1895), grand collecteur de plantes en Chine et botaniste savant, cette espèce produit dans un premier temps une rosette de feuilles. De forme allongée et d’un vert moyen, elles sont recouvertes de petits et fins poils roux et présentent une nervure médiane très prononcée.
En juin-juillet apparaissent les hampes florales. Ramifiées, elles peuvent atteindre de 0,80 à 1,20 m de hauteur. Les boutons floraux sont inclinés vers le bas et recouverts de poils jaune roux. Quand ils éclosent, de sublimes fleurs bleu ciel à bleu azur avec une base violacée apparaissent. Elles se composent de 4 à 6 pétales à marge irrégulière avec des étamines centrales d’un jaune lumineux. Plantés par groupe de 3 à 5 pieds, le pavot bleu de l’Himalaya attire automatiquement le regard tant sa prestance que le coloris de ses fleurs sortent de l’ordinaire. Adulte, une souche mesure de 40 à 45 cm d’envergure.

Un casse-tête ?
Comme signalé ci-dessus, la culture de ce Meconopsis est tout sauf facile. Il lui faut absolument un emplacement à l’ombre ou à mi-ombre, à l’abri de vents violents qui pourraient abîmer ses tiges. Le sol doit être meuble, riche en humus, très bien drainé et à tendance acide (le pavot bleu déteste le calcaire !). Il doit aussi rester constamment bien frais durant la belle saison.
Si vous trouvez des plants dans votre pépinière ou lors de l’une ou l’autre foire aux plantes, il est bon de savoir que si la meilleure période de plantation se situe entre fin mars et mi-mai, il est encore possible de le faire de la mi-septembre à la mi-octobre. Chaque plante sera distante de l’autre de 45 à 50 cm.
Si une hampe florale apparaît la première année, il faudra, hélas, la supprimer rapidement. La raison en est simple : il faut laisser le temps à la plante de former un système radiculaire costaud et une touffe suffisamment dense afin de permettre la pérennité de la plante. Si on n’élimine pas la première floraison, le pavot bleu meurt directement après, ce qui serait vraiment dommage quand on connaît sa difficulté de culture !
Dans ses régions d’origine, ce Meconopsis passe l’hiver et le début du printemps sous une épaisse couche de neige, qui est un excellent matelas protecteur pour cette plante déjà bien rustique (elle résiste à des températures de -15°C). Chez nous, les hivers froids sans neige et les gelées tardives peuvent endommager les pavots bleus et compromettre la floraison.
Que faire ? Comme on le fait pour bien d’autres plantes du jardin, on pourrait penser à installer un paillage. Erreur ! Le paillage gardant aussi l’humidité, les plantes risquent de pourrir rapidement. De plus, la combinaison de l’humidité hivernale et de fortes gelées tue beaucoup de Meconopsis : compliqué comme situation !
La solution idéale consiste à placer une vitre (ou un plastique rigide et transparent) à quelques centimètres au-dessus des plantes. En cas de gel sévère, l’ensemble sera en outre couvert avec de la toile de jute (double ou triple épaisseur).

Encore plus de Meconopsis !
La multiplication du pavot bleu de l’Himalaya n’est pas simple non plus. Si vous avez la chance d’en posséder quelques fortes touffes, vous pouvez les diviser après la floraison, mais c’est une opération très délicate et le taux de réussite dépasse rarement les 40 %.
Semer des Meconopsis n’est pas aisé non plus. La meilleure période ? Janvier-février. Le substrat idéal : 1/3 de sable du Rhin + 2/3 de tourbe non fibreuse. Les graines étant très fines, il ne faut pas les recouvrir. Le substrat doit rester constamment humide mais sans excès.
Pour garder un bon degré d’humidité ambiant, l’utilisation d’une mini-serre est vivement conseillée. La température optimale de germination se situe entre 12 et 15°C. L’ensemble sera placé dans un endroit recevant de la lumière ; il faudra aérer graduellement la mini-serre pour éviter la fonte des semis. Dès que les plantules sont manipulables (attention, elles sont très fragiles), on les repiquera en pots individuels, dans un substrat identique à celui qui a servi pour le semis. La mise en place au jardin sera programmée pour la fin de l’été ou le début de l’automne.
Très rarement malade (oïdium), le Meconopsis betonicifolia, et en particulier les jeunes plantes, est convoité par les limaces. Quelques granulés au ferri-phosphate (non toxiques) seront d’une grande utilité.


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