L’extraction du miel

De la ruche à l’assiette

Le miel est un aliment noble. Un pot de ce délicieux nectar réclame beaucoup de travail, à la fois pour les fleurs, les abeilles et les hommes. Pour qu’il aboutisse sur notre table, plusieurs opérations sont nécessaires. C’est son extraction qui va retenir notre attention dans cet article.

Résumons : l’apiculteur ouvre la ruche et prélève les précieux cadres remplis de miel. Il choisit les mieux garnis, ceux qui sont installés dans la partie supérieure appelée « hausse », ou magasin à miel (dépourvus de couvain^[1]). Il enlève ensuite la pellicule de cire qui maintient le miel dans les alvéoles fermées. Mais lorsqu’il a été exposé à l’air libre (il a été « désoperculé »), il colle dans les alvéoles. C’est pour l’en sortir qu’intervient alors l’extracteur à miel, un appareil dont il n’est plus possible de se passer aujourd’hui.

L’invention en 1865

L’extracteur à miel est une invention récente.

On en veut pour preuve que l’ancienne technique, qui consistait au pressage du nectar à la main et sans gants, subsiste encore aujourd’hui çà et là dans le monde. C’est, par exemple, le cas d’une bonne partie du miel artisanal disponible en Afrique, au Maroc, en Algérie et en Kabylie. L’usage d’une presse à fruits aboutirait au même résultat.

Une telle pratique est fastidieuse, mais pour celui qui n’a pas beaucoup de miel à récolter ou qui possède peu de moyens financiers, elle a bien plus de sens.

Le miel pressé comporte souvent un peu du fameux pain d’abeille (du pollen frais fermenté) qui confère au nectar des vertus de santé supérieures. Il possède cependant un petit goût que certains risquent de ne pas apprécier.

Par ailleurs, le miel commercialisé sur les marchés est issu de ruches traditionnelles dépourvues de cadres et se fait encore « en rayon ». Dans ce cas, celui-ci reste attaché à la cire.

Au même titre que l’a été le recours aux cadres mobiles dans la ruche, l’arrivée de l’extracteur est une révolution. Ces techniques ont marqué l’entrée de l’apiculture dans l’ère moderne. Inventé en 1865 par Franz de Hruschka^[2], l’instrument adapte la force centrifuge aux cadres pour en extraire le miel. Une manivelle fait tourner un panier dans une sorte de tonneau en métal dans lequel les cadres remplis sont installés. Quand le panier prend de la vitesse, le nectar est expulsé hors de ceux-ci. Il n’y a alors plus qu’à le recueillir via un exutoire, dans un récipient posé à l’extérieur. L’idée de génie de l’inventeur était en outre de redonner aux abeilles des cadres vidés de leur miel afin de leur éviter de devoir reconstruire un bâti en cire.

L’extracteur à manivelle actionné à la main cédera progressivement la place au motorisé. Sans toutefois le remplacer complètement, puisque la motorisation convient davantage aux professionnels.

Tangentiel ou radiaire ?

On distingue 2 types d’extracteurs selon l’emplacement des cadres : le tangentiel et le radiaire.

Tangentiel

Les petits extracteurs, qui sont aussi les moins chers, sont tangentiels. Les cadres y sont donc rangés le long de la paroi de la cuve. Ils sont actionnés par une manivelle et fonctionnent parfaitement. L’inconvénient d’un tel instrument est que l’extraction ne porte que sur un côté des cadres, il faut donc les retourner manuellement.

Radiaire

Les plus gros extracteurs sont radiaires. Les cadres sont disposés dans l’axe qui part du centre vers la périphérie de la cuve. L’avantage de cet instrument est l’extraction machinale des 2 faces des cadres grâce à l’inversion automatique du sens de la rotation du tambour, ce qui se produit à plusieurs reprises. Et pour cela, il suffit de pousser sur un bouton interrupteur et un levier de vitesse. Un gain de temps qui n’est pas négligeable. La motorisation rend le travail très facile.

Plus l’extracteur est grand, puissant et cher, plus il convient de l’arrimer solidement au sol. En effet, les cadres sont chargés en miel de façon inégale, ce qui produit des vibrations qui se répercutent dans tout l’instrument. Or, la vitesse de rotation les amplifie fortement.

Retrouvez la suite dans notre numéro de juin (n°79)

https://www.weyrich-edition.be/produit/esprit-jardin-ndeg79-juin-2022

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[1] Ensemble des œufs et des larves d’abeilles et d’autres insectes vivant en société. (Trésor de la Langue Française Informatisé)

[2]          Un militaire major de l’armée autrichienne d’origine tchèque.