Lionel Raway et sa cuisine sauvage
Lionel, quel est votre terroirâ?
Je suis de Namur. Jâaime par-dessus tout la vallĂ©e de la Meuse dans laquelle jâai grandi et profitĂ© pleinement de mon enfanceâ: jây ai pĂȘchĂ© lâĂ©crevisse, escaladĂ© les rochers, appris Ă aimer la nature.
Parlez-nous de la «âcuisine sauvageâ».
Il sâagit de la cuisine des plantes sauvages, câest-Ă -dire des plantes qui Ă©chappent Ă la culture et Ă la vente. Ces «âmauvaises herbesâ» sont une source incroyable de saveurs, de textures et de vertus, que lâon aurait bien tort dâabandonner au compost.
Comment est nĂ© votre intĂ©rĂȘt pour cette alimentationâ?
Je crois que je suis avant tout intĂ©ressĂ© par lâautonomie alimentaire. Câest un rĂȘve de gosse en quelque sorteâ: vivre dans une cabane au fond des bois et de ses cueillettesâŠ
Comment avez-vous acquis vos connaissances en botaniqueâ?
Jâai suivi de trĂšs nombreuses formations. Jâai aussi menĂ© pendant plusieurs annĂ©es un «âclubâ» de cuisine sauvage qui rassemblait botanistes, mĂ©decin, pharmacien, cuistot. Cela a Ă©tĂ© particuliĂšrement instructifâ! Enfin, rien ne sâacquiert sans des heures et des heures de pratique.
Parlez-nous un peu de votre métier et de votre quotidien.
Je suis formateur en cuisine des plantes sauvages. Je trouve beaucoup de plaisir dans ce mĂ©tier, qui allie lâensemble de mes compĂ©tences et me permet de donner un sens Ă mon action. Je suis enseignant, guide nature, guide montagne, conseiller en environnement mais aussi traiteur-restaurateur. LâĂ©ducation Ă lâenvironnement et les changements de comportement me passionnent.
Une question qui taraude souvent les gens est de savoir si je me nourris exclusivement de plantes sauvages. La rĂ©ponse est non et je ne prĂŽne rien de telâ: jâinvite simplement chacun Ă prendre conscience de la richesse et de la diversitĂ© de la nature en goĂ»tant Ă quelques plantes sauvages, de temps Ă autre. Se faire plaisir, rien de plus.
Vous dites que «âla cuisine sauvage agit en faveur de la prĂ©servation de lâenvironnementâ».
Pouvez-vous dĂ©velopperâ?
Avec plaisirâ! Ce qui mâintĂ©resse dans la cuisine des plantes sauvages, câest quâelle nous amĂšne Ă nous intĂ©resser Ă des plantes mĂ©connues que nous dĂ©truisons parfois avec beaucoup dâacharnement. On ne compte plus les personnes qui arrachent lâĂ©gopode de leur jardin, par exemple. Mais savent-elles quâil sâagit dâun ingrĂ©dient au goĂ»t frais et savoureux, que de nombreux chefs-coqs payent cher pour en servir Ă leurs clientsâ?
GoĂ»ter et cuisiner cette plante, câest la faire changer de statutâ: la «âmauvaise herbeâ» devient subitement «âlĂ©gumeâ». Cette modification de regard nâest pas sans consĂ©quenceâ: elle nous pousse Ă dĂ©laisser le bidon dâherbicide et nous permet dâaccepter plus de diversitĂ© au jardin, laquelle est source de vie.
Retrouvez lâinterview complet de Lionel Raway dans le magazine LâEsprit Jardin de dĂ©cembre 2016 â n°23.