Ma ruche, ma maison

L’habitat des abeilles ressemble par certains aspects à nos maisons, avec des chambres, une entrée, des fenêtres, des aménagements intérieurs… cependant une fois que le lieu de résidence aura été déterminé, la maison ne bougera plus. C’est pareil pour la ruche qui occupe une place comme une maison occupe la sienne. Les maisons dans le village se disposent comme les ruches dans le rucher. Le choix de l’endroit, du lieu de vie, du refuge est capital mais cela se fait-il au hasard ? On y mange, on y dort, on y travaille et on y est protégé… Pourquoi s’arrête-t-on ici, et pas ailleurs ?

C’est ce qu’on appellera la « fondation ». On fonde une ville, une maison, un foyer. On pourrait dire très simplement qu’il s’agit de « faire son trou » pour reprendre l’expression de Marcel Detienne. Les hommes sont des êtres territoriaux, ils colonisent un territoire et s’y implantent. Ils tracent ensuite des chemins pour entrer et sortir. Or, l’abeille fait la même chose et cela explique peut-être pourquoi elle est fascinante, et pourquoi elle occupe une place singulière dans les mythologies.

Comparons : nous colonisons, elle colonise. Colonies d’abeilles, colonies humaines. Nos maisons étaient en bois, elle vit dans les arbres. Nous sommes violents, elle pique. Nous accumulons des provisions, elle butine. Nous dansons, elle danse. Nous chantons, elle chante. Nous nous déplaçons sur deux pieds, elle marche à six pattes. Nous mangeons des végétaux, elle se nourrit du pollen et du nectar des fleurs. Nous mangeons des animaux, elle cannibalise au besoin sa progéniture. Nous dormons la nuit, elle ne sort que le jour. Nous rêvons du ciel, elle s’envole comme les oiseaux.

Retrouvez la suite dans notre numéro de décembre (n°74)

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