Raconte-moi le jardin

J’aime voir le jardin comme un lieu où se déploie le grand récit de la nature. Chaque jour s’y écrivent mille et une histoires mettant en scène la vie sous ses multiples formes : l’éclosion d’une fleur, la naissance d’une libellule, la lente croissance d’un arbre, le vol sinueux d’un pic vert ou l’apparition furtive d’un écureuil.

Laissez de côté vos tracas, ouvrez bien vos yeux, tendez l’oreille, et suivez-moi au jardin.

Il était une fois…

FÉVRIER OU LE DÉPART ANNONCÉ DE L’HIVER

Bien qu’il porte en lui les premiers effluves du printemps, le plus petit de nos mois est loin d’être totalement délivré des rigueurs hivernales. En témoignent les épisodes neigeux et le gel qui plongent encore nos jardins, parcs et campagnes, dans une douce léthargie. Malgré cette météo frileuse, la nature offre au promeneur curieux et au jardinier attentif de nombreuses occasions de s’émerveiller.

LA BEAUTÉ DES ARBRES NUS

Avez-vous déjà pris le temps d’observer les arbres en cette saison ? Dénudés de leurs feuilles, ils nous dévoilent leur silhouette graphique et élancée. J’aime contempler leur squelette délicat, examiner de près les détails de leurs ramures en dentelle. En regardant bien, on peut repérer les branches maîtresses, ces fortes ramifications qui démarrent du tronc puis se scindent en rameaux secondaires, qui, à leur tour, se divisent en ramilles.

Il ne s’agit là que de la partie visible de l’iceberg. La subdivision de l’arbre se développe également sous terre, avec son système racinaire qui assure son maintien et le nourrit. La structure de celui-ci peut varier d’une espèce à l’autre : tantôt traçante, quand il se développe de manière horizontale, tantôt pivotante, quand il s’étend vers le bas, à la verticale. Les racines se ramifient en radicelles pourvues de poils absorbants qui favorisent l’absorption de l’eau et des sels minéraux présents dans le sol.

Les arbres ne poussent pas tous de manière uniforme. Différents modèles architecturaux déterminent leur développement. Je vous invite à prendre le temps de contempler les détails de leur anatomie, la forme sinueuse de certaines branches, la majesté de leur tronc, leur allure imposante, harmonieuse, ou fragile, voire estropiée.

LA RÉSISTANCE VERTE

Contrairement aux espèces caduques, certains arbres et arbustes au feuillage persistant habillent le jardin même en hiver. Un atout esthétique qui fait également le bonheur de la faune sauvage en quête d’abri et de nourriture en cette saison froide.

Les vertus du houx

On connaît surtout cet arbuste pour le symbole que représente son feuillage épineux durant les fêtes de Noël. Et pourtant, le houx a bien d’autres qualités. Ses feuilles coriaces sont recouvertes d’une couche de cire qui leur permet de résister au froid et à la sécheresse. Mais, chose étonnante, seules celles situées au bas de l’arbre sont munies de piquants redoutables tandis que le feuillage des niveaux supérieurs n’en possède plus. 

Ce phénomène signifie que l’arbre s’est adapté aux attaques des herbivores comme le cerf ou le chevreuil qui viennent brouter les feuilles des étages inférieurs !

En forêt, le houx a le plus souvent la forme d’un buisson ; dans les jardins, les parcs ou en prairie, il peut devenir un arbre et vivre jusqu’à 300 ans. Durant l’hiver, il abrite et offre de la nourriture à de nombreux animaux. Certains insectes s’abritent dans son feuillage jusqu’au retour du printemps. Un garde-manger qui attire beaucoup d’oiseaux insectivores comme les mésanges ou les troglodytes.

D’autres espèces apprécient davantage ses baies rouge écarlate, comme la grive draine ou le merle. Une relation gagnant-gagnant entre l’arbre et ces volatiles, puisque le premier compte sur les oiseaux pour disséminer ses graines. Attention, ses baies ne sont pas comestibles pour les humains !

Virginie Hess
Raconteuse de Nature

Retrouvez la suite dans notre numéro de février-mars (n°85)

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