Forêt-jardin  : planification et premiers pas

Forêt-jardin, forêt comestible : des mots tendance depuis quelques années ; mais qu’entend-on par là exactement ? Comment faut-il s’y prendre pour bien commencer ? Quelles plantes utiliser ? 

Vous vous reconnaissez dans cette aventure et vous souhaitez devenir vous aussi un jardinier de la forêt, un sylvanier comme on l’appelle aujourd’hui : sachez que les premières étapes sont fondamentales, alors autant être bien informé avant ! On vous guide en images.

I. Inspiration, définition et raison d’être

Qu’est-ce qu’une forêt-jardin ?

Selon Martin Crawford^[1], il s’agit d’un jardin modélisé selon la structure d’une jeune forêt naturelle, en utilisant des plantes qui ont des bénéfices directs ou indirects pour l’Homme.

Il peut y avoir de grands ou petits arbres, des buissons, des herbacées pérennes, des annuelles, des plantes à racines, des plantes grimpantes et des champignons, le tout planté d’une façon à maximiser les interactions positives et à maintenir la fertilité du système par les plantes elles-mêmes.

La forêt-jardin est une forme d’agroforesterie

L’agroforesterie est l’association d’arbres ou d’arbustes avec des cultures ou des animaux. Quels sont ses avantages ?

Une association bénéfique sur un même espace augmente les rendements jusqu’à 40 % dans un système agroforestier, en comparaison aux monocultures respectives. À l’échelle d’une ferme, les produits des arbres permettent de diversifier l’offre, de nourrir les bêtes, d’enrichir le jardin ou de se chauffer.

Au sein des paysages, la combinaison des usages agricoles et forestiers amène de nombreux services écosystémiques tels que la mitigation de l’érosion et les fonctions de brise-vent, de puits de carbone, d’habitat pour les pollinisateurs, d’enrichissement de la vie du sol, de gestion de l’eau et de la matière organique, de purification des polluants…

La forêt-jardin est un modèle d’agroforesterie à petite échelle, peu mécanisée et très complexe. Elle comprend des plantes aux diverses fonctions, et peut contenir des animaux et du mycélium.

Mieux qu’une définition, deux histoires de forêt-jardin

1 La ferme du Bec Hellouin^[2] (Normandie)

Reconvertis en maraîchers-paysans, Perrine et Charles ont créé leur ferme autour de 3 pôles : économie, recherche et éducation. L’un des objectifs était de prouver qu’il est possible de vivre du maraîchage sur une très petite surface. Ils ont installé plusieurs forêts-jardins sur leur terrain.

La première fut édifiée en 2009 sur 1200 m², avec une centaine d’espèces végétales différentes basées sur un verger de pruniers existant. Après l’installation, la forêt-jardin a été envahie par les orties, et la maintenance se résumait à faucher dans les allées et à récolter les fruits. Après 7 ans : beaucoup de végétaux ont persisté, mais la plupart des plantes de couvert ont disparu ; ceci a permis de définir lesquelles n’étaient pas adaptées à ce terrain.

Bilan : la forêt-jardin produit, mais pas assez pour devenir économiquement viable. Outre cela, elle remplit d’autres fonctions : brise-vent et microclimat, production de biomasse, de fourrage, accueil de biodiversité.

La seconde a été implantée sur 300 m² dans le but de prouver les possibilités économiques du modèle. Il y a 3 strates :

1. des arbres colonnaires (fruitiers de petite taille portant leurs fruits près du tronc, taillés de façon à maintenir une bonne lumière dans les strates inférieures), 

2. des buissons de petits fruits greffés sur tige, 

3. et la strate herbacée. Pour cette dernière, une attention particulière a été apportée pour éviter les erreurs du passé : le sol a été préparé et les surfaces ont été couvertes de bâches biodégradables à travers lesquelles ils ont repiqué des plants. Les chemins sont paillés pour éviter l’enherbement.

Les résultats sont satisfaisants, la strate herbacée seule rapporte 15,90 €/m² cultivé en année 1. Elle requiert aussi plus de maintenance.

Retrouvez le dossier du mois complet dans notre numéro d’octobre (n°82)

https://www.weyrich-edition.be/produit/esprit-jardin-ndeg82-octobre-2022

---

[1] Agriculteur biologique et pédagogue britannique, auteur d’ouvrages sur les forêts-jardins, notamment La forêt-jardin, Créer une forêt comestible en permaculture pour retrouver autonomie et abondance, éditions Ulmer, 2017. 

[2]Perrine et Charles Hervé-Gruyer, Ferme biologique située en Normandie, auteurs de « Vivre avec la Terre, manuel des jardiniers-maraîchers », Actes Sud.